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Vu par Vera
5 février 2007

Cher Nicolas,

J'ai un peu de mal à vous trouver sympathique, j'avoue. Pourtant, je ne peux que saluer vos efforts pour vous rapprocher des petites gens. Vous avez dû vous lever tôt pour aller à Rungis l'autre jour, par exemple. Vous portez la parka blanche à Rungis avec la même aisance que Ségolène la doudoune blanche sur la muraille de Chine. Je le dis sans ironie.
Vous avez changé, dites-vous, mais il ne suffit pas de le proclamer ou de changer de veste pour que cela soit vrai ! Les journalistes saluent le ton gaullien rassembleur de vos derniers discours. Est-ce le changement, ou juste la dernière version d'une vieille recette électorale qu'on appelle la pêche aux voix ? Rassemblement ou attrappe-tout ?
Je ne crois pas que vous ayez changé et vous avez tort d'essayer de nous le faire croire, les gens n'aiment pas qu'on les trompent. Ils préfèreront toujours le vrai Sarko pas sympa mais franc du collier...
Ce que j'aime chez vous, c'est que des idées, vous en avez ! Et une réelle vision de la société, une volonté de la réformer, ce qui finalement est assez sympathique. Mais ce qui ne me plaît pas, c'est justement la société dont vous rêvez.
Il faut travailler plus et récompenser les plus méritants, dites-vous. Cela veut dire que ceux qui n'auront pas les facultés ou les moyens matériels (par manque de temps) d'être les meilleurs seront disqualifiés, déconsidérés. Vous allez culpabiliser les mamans à temps partiel qui veulent concilier travail et vie de famille, décourager les personnes pas très douées mais pleines de bonne volonté, qui travaillent dur même si elles n'obtiennent pas les meilleurs résultats.
Vous voulez permettre aux bas salaires de travailler plus pour gagner plus.
Sachez alors, cher Nicolas, qu'il existe des gens qui préfèrent travailler moins et avoir plus de temps. Désir de privilégié bien payé ? Non, pas du tout. Ces mêmes travailleurs mal payés rêvent de gagner plus, et préfèreraient ne pas travailler plus, parce que leur travail n'est pas intéressant, qu'il est fatigant. Que leur vraie vie commence quand ils rentrent chez eux.
Bien sur, quand on fait un travail passionnant, on a envie d'en faire plus. Mais pas ces travailleurs pauvres et mal payés.
Et puis, dites-vous, il s'agit de permettre seulement aux gens volontaires de faire des heures supplémentaires. Vous croyez vraiment, cher Nicolas, qu'un patron qui vient d'avoir une commande importante, va donner le choix à ses salariés de faire ou non des heures sup' ? Connaissez-vous le rapport de force entre patron et employés ? Il existe même là où les relations sont amicales, parce que le patron, c'est celui qui embauche. Il a pouvoir de vie et de mort sociale, aux yeux du salarié qui craint le chômage par dessus tout.
Mais, dites-vous, on va mettre en place la flexsécurité pour permettre aux gens de retrouver facilement un emploi. On voit ce que c'est. Si votre métier offre peu de places, on vous proposera d'en changer. Parfois, pour le meilleur, parfois pour le pire. Bref, ce sera encore l'entreprise qui décidera de l'avenir du salarié et celui-ci aura encore moins de prise sur son avenir, pressé qu'il sera de retrouver quelque chose, avant la perte de ses droits. Travailler n'importe où.
Cher Nicolas, avez-vous pensé aux gens qui ne se sentent pas en confiance dans un monde trop concurrentiel, que faites-vous de la liberté de vivre selon sa philosophie personnelle ? Nous ne sommes obligés d'adhérer au libéralisme dur.
Remettez donc l'homme, et non le travailleur, au coeur de votre action politique !

Dans l'attente de vous voir changer, je vous adresse mes cordiales salutations

Véra.

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Commentaires
Vu par Vera
  • De ma ville, de ma campagne, de mes vies (pro, perso and co), j’en vois des choses, et je n’en pense pas moins. Choses vues d’ici, points de vue et tirs à vue… les vôtres sont les bienvenus !
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