Dialogue de sourds
Au-delà de la forme, l'affrontement Sarko-Ségo, c'est celui de deux conceptions de l'exercice du pouvoir et de la société.
On moque Ségo quand elle en appelle aux partenaires sociaux mais on la taxe aussi d'étatisme ! Sa conception politique, c'est que le pouvoir, la compétence, chacun en détient une part et le détenteur du pouvoir de décision doit rassembler les points de convergence. Cela peut sembler compliqué, flou, inefficace... quand elle affirme "tout se tient", c'est cela qu'elle exprime. Quelqu'un a comparé sa méthode à Internet, c'est une structure en réseau, horizontale, où les pouvoirs sont partagés et s'équilibrent. Evidemment, c'est plus complexe, c'est nouveau, alors cela inquiète.
En face, Sarko a une vision toute simple, traditionnelle : un petit nombre a le pouvoir, il est élu donc légitime donc il peut exercer seul, et c'est plus efficace. Ce même analyste comparait son système à TF1 : tout vient d'en haut, s'adresse aux masses d'où rien ne peut véritablement remonter.
La faiblesse de la vision ségoliste, c'est le risque de dillution et de paralysie, les forces en équilibre pouvant aussi se neutraliser. D'où l'importance d'un exécutif doté d'une grande autorité... ce qui est le cas dans nos institutions. Sa force, c'est la possibilité de véritablement déverrouiller la société en autorisant la parole de tous, dans l'entreprise, notamment, et de continuer à faire vivre la démocratie durant le mandat, pas seulement aux élections. C'est revivifier véritablement la démocratie.
La force de Sarko, c'est la cohérence, ses appuis dans les sphères décisionnelles, l'efficacité. La faiblesse, c'est l'augmentation des inégalités en généralisant l'esprit de compétition et de concurrence à tous les niveax de la société, c'est un risque de fracture entre les groupes sociaux.
Alors, c'est vrai, Ségo a été trop agressive, lui a été trop fuyant, le dialogue n'a pas vraiment eu lieu, quoi qu'elle affirme ! Ce fut un affrontement, parce que tout les oppose.